Le Professeur Médor von Jones s’était toujours revendiqué un homme de terrain. Enseigner aux petits nobliaux de l’université d’Altdorf n’était pas fait pour lui. Non ce qu’aimait Médor c’était découvrir d’anciennes ruines et en ramener les pièces antiques dont la place était dans un musée.
C’est ainsi qu’il y a quelques mois il découvrait dans les « Terres des Morts » (ou Terres des Maures, les académiciens se battent sur l’étymologie) une immense vallée avec des tombeaux. Vallée qu’il nomma aussitôt « Vallée des Tombeaux » (le Professeur von Jones est un lettré, comprenez).
Mais la perspicacité et la sapience du Professeur Médor von Jones ne s’était pas arrêtée là. Il découvrit en effet que cette Vallée des Tombeaux se partage en deux versants : un versant sud et un versant nord, autrefois probablement séparés par un fleuve, aujourd’hui depuis longtemps aussi desséché que toute la région. Tout comme, autrefois, 5 millénaires plus tôt, la région se divisait en deux royaumes.
Mais tandis que le Professeur Jones consignait ses analyses dans son petit carnet, le cri d’ouvriers résonna dans la vallée.
Les hommes de main que lui avait fournis le Prince - qui règne sur la région et a par le passé financé grassement des équipes aux palmarès douteux – s’étaient un peu trop précipités et venaient de ranimer des créatures qui jamais n’auraient dû être réveillées. Côté nord, des adeptes et fondateurs du culte des morts, des « Khemris ». Côté sud, des morts revenus à la vie par on ne sait quelle magie.
Devant la folie commise par les hommes chargés des fouilles, le Professeur Médor von Jones rentra courageusement et précipitamment vers la sécurité de l’université d’Altdorf.
Le Professeur von Jones,déçu de voir une telle découverte gâchée par quelques incultes
Et c’est ainsi que, quelques mois plus tard, une équipe de Khemris s’inscrit dans une petite ligue au nord de la Loire et, surtout, une équipe de Morts Vivants s’inscrit dans une ligue, nichée sur la Loire (mais dont les meilleurs matchs se déroulent sud Loire), une ligue autrefois glorieuse mais aujourd’hui en perdition, maudite, à tel point que ce sont des rouquins, trois fois plus petits que Fendalsh, qui viennent de remporter le titre….
Quelque part dans les locaux du journal l’Epique, en banlieue d’Altdorf.
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Ah, vous voilà mon p’tit Maurice.
Marcel, Monsieur Rouste, mon nom c’est Marcel.
Oui mon p’tit. Vous tombez bien, vous vouliez un gros dossier, en voilà un, vous allez suivre le coach djiom en immersion cette saison.
Qui ? Ah, vous voulez dire le coach giom ? Le coach qui a arrêté sa carrière il y a déjà un moment après avoir été licencié (contre une sacré somme) par le Prince ?
Oui. Jiom, Djiom ou même giom, appellez-le comme vous voulez, on s’en fiche. Il revient avec une équipe cette saison. Vous allez voir, mon p’tit, vous allez avoir beaucoup d’articles à nous envoyer.
Mais Monsieur Rouste, vous m’aviez promis de vrais reportages, d’être au cœur de l’action quand vous m’avez pris en stage, il y a 4 ans ! Franchement j’aurais préféré publier mon dossier d’investigation sur l’argent dans le BloodBowl et le coût des transferts délirants…
Non, ce sujet-là, tous nos journalistes l’ont couvert depuis des mois. Et puis l’argent on s’en fiche, ce qui importe c’est la beauté du sport !
Et ma proposition d’aller enquêter sur la disparition suspecte de Notre Président suite à un voyage auprès de fréquentations douteuses ?
Non, ça c’est trop compliqué pour un stagiaire. Et puis Francesca m’a deman… je veux dire les sujets politiques c’est pas pour les stagiaires. Je suis moi-même de près ce sujet, mon p’tit.
Et ma demande de reportage sur les tergiversations orquesttes du coach Croco ? J’avais déjà noué des premiers contacts avec le Professeur Médor von Jones.
Non ça, on publiera plus tard. On parle pas des peintres ici que des vrais coachs !
Bah justement, un coach retraité qui n’a jamais rien gagné que des titres de secondes zones, franchement…
Ho là mon p’tit dans le milieu du grand reportage, faut savoir être patient hein. Soyez déjà content. Et puis, c’est un coach d’expérience qui peut rebondir. Et il joue un roster qui est réputé pour ses performances et sa solidité physique. Et puis c’est sa dernière saison en ligue amateur BN. Il doit passer pro en Condate ensuite, paraît-il. On se demande bien pourquoi. C’est un vrai sujet, ça quand même mon p’tit !
Oui enfin bon, un roster physique. Vous vous souvenez combien son équipe nordique réputée violente avait fait de sorties à l’époque ?
Non
Bah moi non plus. Personne ne s’en souvient tellement c’était insignifiant. Et ses résultats quand il avait déjà coaché des morts-vivants ?
Non mais c’est pas le propos.
Vainqueur de la MINI choco ! Franchement. Tellement ce trophée sert à rien qu’il a été supprimé. Non Monsieur Rouste, sauf votre respect, vous abusez là.
Ecoutez mon p’tit Maurice…
Marcel, Monsieur Rouste.
Marcel, peu importe, vous poussez le bouchon un peu loin, Marcel ! Estimez-vous déjà heureux qu’on vous propose ce reportage en immersion. Des stagiaires qui rêveraient d’écrire mes articles et me servir le café y en a des tas. Donc vous me prenez ce reportage. Et vous apprenez le métier sur le terrain, comme tout le monde.
Très bien Monsieur Rouste !
Voilà. C’est bien mon p’tit. Et en passant, aller me chercher Tabata, j’ai un sujet brûlant à discuter avec elle.
[/i]
C’est ma moustache, hein ? Elle est belle ma moustache, n’est-ce-pas ?
Euh… oui, tout à fait…. Je vous remercie de m’accorder cet entretien. Je vois que vous êtes venu en stage de préparation ?
Oui, je suis venu me mettre au vert avant la saison
Vous voulez dire aux verres ?…
Oui au vert ? Quoi qu’est-ce qu’il y a de drôle gamin ?!
Pardon. Hum, excusez-moi. Merci de m’accorder cet entretien, je disais, et de me recevoir dans ce cadre bucolique et au calm…
TOUCHDOWN DE PUGGY ![/i] (voix criarde de petit moustachu à 3 poils)
[i]- Ne vous inquiétez pas c’est Tyra qui exprime très modestement sa joie. Il est comme ça depuis deux jours.
Tyra ? Vous voulez dire LE coach Tyra qui est en train de révolutionner le jeu halfing ? Mais…
Eh oh, ça va, hein. Vous êtes venus vous aussi l’admirer ou m’interviewer ?
Oui pardon, coach. Comme je vous le disais, je voulais vous interroger sur la préparation de votre début de saison… c’est bien les Immortels ? Une franchise de morts-vivants ?
Oui tout à fait. Pourquoi ?
Parce que… je pensais que vous étiez en préparation avec l’équipe, alors que je vois que sur le terrain d’entraînement vous êtes avec des humains et des… des saurus un peu pâles… des saurus vampires ? Dont un avec une barbe ? C’est… surprenant. Pourquoi ce choix ?
Oui, bon, ça va, oublions ça et parlons d’autre chose.
Très bien. Mais à quelques jours du lancement de la saison, où sont vos joueurs ? D’autant qu’il paraît que vous coachez deux franchises. Déjà qu’en préparer une seule…
He oh, ça va, hein ! Dites carrément que je n’en suis pas capable ! Je retrouve l’équipe le soir du premier match.
Le jour même ? Mais votre équipe n’aura eu aucune préparation !
Oui. Et pour être précis, on a quelques soucis d’ordre organisatio-judicaires, donc en fait nous ne débuterons pas vraiment avec l’équipe mais avec l’équipe mais avec quelques joueurs amateurs ou stagiaires. Une équipe B en quelques sortes.
Une équipe B ?! Ah et vous êtes confiant ? Sachant que j’ai vu le classement de ce tournoi de mise aux verres… désolé, de mise au vert et vous êtes le dernier des coachs de la ligue inscrit ?
Dites donc, vous avez décidé d’être désagréable ? Vous poussez le bouchon un peu loin, Marcel. Si vous devez passer la saison dans l’intimité du vestiaire, vous allez faire un peu plus profil bas.
Excusez-moi, coach. Et pour la seconde ligue, donc ? Les morts-vivants de l’autre vallée, gardiens des tombes, c’est bien ça ?
-Non. Il y a eu un changement de programme. Entraîner des khemris c’était pas ma guerre. Le Colonel m’a montré que Chaos c’était la base du Blood Bowl et je suis en train de monter une franchise.
Vous voulez dire qu’à quelques jours, voire quelques heures du début de la saison, vous n’avez toujours pas fini votre mercato, pas fait un seul entraînement, pas de tactique établie, et vous ne savez même pas quelle race vous allez coacher en ligue pro ?
[i]… Nous retrouvons donc en direct notre envoyé spécial Marcel, pour le match d’ouverture de début de saison entre les Immortels Aton face aux NaZB’oRKS. Marcel, c’est à vous, pour le résumé.
Bah il a plu tout le match. Y avait personne dans le stade et, comme le rare public l’a dit de façon unanime, c’était du grand n’importe quoi. Un bon gros match de m…
Euh, Marcel, on est à l’antenne là.
Oui pardonnez ma figure de style un peu directe.
C’est donc sous une pluie battante que le public des deux équipes est venu en très petit nombre. 4000 spectateurs de chaque côté, mais de fins connaisseurs. Des fans locaux prêts à se substituer à l’arbitre (si pas de double et joueur sorti, exclusion sur 4+). Les orcs aux allures sauvages mais qui n’en sont pas, dont un tiers d’entre eux sont montés sur des sangliers décident d’attaquer. Quand je vous dis que c’est n’importe quoi. Malgré la pluie, ils ramassent et avancent.
Mais leur côté sauvage revient un peu quand un orc tombe tout seul au sol sur un blocage (crâne relance crâne). Les Immortels en profitent et font tomber la balle. Les orcs ramassent aussitôt avec un trois-quart. On pense la défense mort-vivante en place quand… les consignes du coach sont tellement peu explicites que les morts-vivants se placent n’importe comment et oublient même de blitzer ! Résultat, un blocage et un paquet plus tard, transmission sous la pluie et touché bas des orcs.
Le public de connaisseur, pas content après l’arbitre qui a exclu un zombie qui a juste sonné un blitzeur orc, massacre proprement le représentant de la règle sur le terrain.
Les Immortels ne font rien des dernières minutes qui leur reste, si ce n’est de se faire encore remarquer sur une agression inefficace… mais un arrangement avec le nouvel arbitre efface ça.
Seconde mi-temps, les Immortels attaquent à 10 contre 11.
Blitz ! Les orcs se lancent à l’attaque avant le coup d’envoi. Les morts-vivants ne parviennent pas à ramasser à cause de la pluie et s’enlisent sous la pression des sauvages.
Ça piétine. C’est inintéressant au possible. Pourtant les NaZB’oRKS font tout comme les Immortels en laissant une ouverture dans leur défense… comme les Immortels mais en moins bien car la transmission rate à cause de la pluie. Ou ce sont les Immortels qui font comme les NaZB’oRKS en moins bien. Peu importe quand on est rendu si bas…
Fin de la purge.
1-0 pour les NaZB’oRKS. Aucune action à signaler hormis un Carton Rouge. La saison va être longue !
Ici Marcel, en direct de ce stade boueux de province à vous Altdorf.
Merci, en effet le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’était pas Samba, Marcel.
[/i]
Rues étaient calmes autour Université d’Altdorf. Grum aimait calme autour Université d’Altdorf. Grum pas pressé arrivée rentrée et bruit des étudiants.
Grum vérifia parterre qu’il venait de balayer. Propre. Grum content.
[i]- Excusez-moi, Monsieur, pourriez-vous…
Non plus place université. Vous attendre prochain tirage au sort ![/i]
Grum pas content. Grum aimait pas être dérangé quand balayer.
[i]- Hum, je suis désolé mais il y a méprise, je ne suis pas étudiant mais journaliste sportif au sein du journal l’Epique et je…
Etudiant Université Journaliste pareil. Université fermée.[/i]
Marcel soupira. L’ogre n’avait pas été recruté pour son intellect… mais vu la masse de muscle, forcer le passage était hors de question.
[i]- Oui. Mais non, moi je cherche le Professeur Médor von Jones. Je voudrais lui parler. Depuis son retour d’expédition en Terres des Morts, il semble avoir voyagé partout, de forêt en vignoble et je pense qu’il…
Professeur von Jones dire que lui pas être là quand lui rentrer. Donc lui pas être là !
Oui, je comprends, mais… - Noooonnn ! Ils sont là !!! Ils sont là ![/i]
Par Sigmar ! C’était lui. Le célèbre Professeur Medor von Jones en train de crier par la fenêtre, en plein délire. La fenêtre du 4ème étage se referma devant les bras d’une matrone à l’air peu commode et la voix du Professeur fut aussitôt étouffée.
Marcel regarda l’ogre, devant lui, toujours aussi impassible. - Professeur pas là, j’ai dit. Université fermée. Vous partir.
Marcel s’éloigna donc, un peu dépité. C’est alors qu’un papier virevolta jusqu’à se poser délicatement sur le sol, devant lui. Un calendrier des matchs de la saison. Et dessus, plusieurs dates d’entourées d’une main incertaine. Marcel examina de plus près le calendrier et découvrit qu’elles avaient en commun de voir s’affronter des équipes de skavens.
La feuille s’était envolée lorsque le Professeur avait ouvert ses fenêtres. Se pouvait-il que le Professeur s’intéresse maintenant de près aux skavens. Ses mutants rats dont l’existence avait été homologuée à peine 400 ans plus tôt mais qui avaient ceci en commun avec les gobelins que tout le monde aimait les piétiner.
[i]- Dites-moi gamin, c’est pas ici le camp d’entraînement des Immortels ?
Monsieur Pierre Ménerve ? Vous ici ? Je pensais que vous envoyiez toujours des pigistes et ne vous déplaciez jamais ?!
Dis donc gamin, tu vas me parler autrement. Bon il est pas là ce nul de coach ? Je voulais l’interviewer pour faire rédiger un article croustillant sur lui.
Non, il est à un enterrement.
Ah ? Il enterre son talent… ah non, il n’a jamais vécu. Hu, hu, hu, hu, hu. Et y a pas l’équipe ? J’interrogerais bien les joueurs tiens.
Non. Y a personne. Que moi. Je suis censé être en immersion. Bonjour l’ennui ! Vous n’êtes pas au courant ? Il n’y a toujours pas de joueurs recrutés par la franchise. Le coach avait trouvé des joueurs amateurs au pied levé pour affronter les orcs sauvages pas sauvages mais grossiers. Nul ne sait s’il y aura une équipe pour la deuxième journée de ligue.
Ah ? Bon bah va me chercher une bière. Je vais attendre le coach et me contenter de l’interviewer lui.
D’une je suis journaliste moi aussi, Marcel du journal l’Epique, et pas votre larbin ! Et de deux, vous pouvez patienter un moment. Je crois que le coach se cache. Après la moustache, possible qu’il se laisse pousser la barbe pour passer inaperçu. C’est qu’il a défrayé la chronique dans un système en 047 dans un roster Chaos, sans Minotaure, donc. Et la plèbe lui en veut. L’innovation tactique est ce que c’est : quand ça sourit on crie au génie, quand ça rate, on crie au scandale.
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[i]- Bonjour, Enervé Minou en direct du Canal Bloodbowl Club. Au programme de ce soir : les surprises des rosters dits atypiques, portés par Nuffle ; la déchéance du coach Tran, ancienne gloire du BloodBowl ; un reportage sur le courage du coach Zebulon et une interview exclusive du coach Gilux par Simone, la plus sexy de nos reportereuses. Mais retrouvons tout de suite notre envoyé spécial en direct du Hell Stadium pour le match de ce soir : Maurice !
Marcel. C’est Marcel, mon nom. Oui bonjour, en effet ici le soleil commence à chauffer l’atmosphère et l’on voit déjà les premiers spectateurs arriver derrière moi
Des spectateurs ou des membres du staff ? Ca a l’air bien calme en tout cas. D’ailleurs ce sont surtout des humains, non ? Etonnant, alors que les Morts Vivants sont censés jouer à domicile.
Vous avez l’œil Enervé. Oui en effet. Pour être tout à fait honnête, deux autres matchs open ont lieux ce soir et ce sont des supporters de ces autres matchs. Mais les deux autres stades sont ferlés tandis que le Hell Stadium est ouvert aux vents, aux clochards, et donc aux badauds.
Mais les Immortels ne sont pas censés s’entraîner sur ce terrain ?
Les Immortels ? Pour le moment c’est une franchise fantôme. Pas de joueurs salariés. Juste des amateurs recrutés au pied levé. En tout cas c’était le cas lors de la dernière journée. Pour celle-ci, le suspense reste entier. Donc n’allez pas me poser des questions sur le schéma tactique !
Dites-moi, Maurice, derrière vous au fond, quel est ce supporter ?
Ah, lui ? Il se fait appeler Baron Drezorg l’Invulnérable. Mais nous savons tous qu’il est mort, enterré, déterré et zombifié. Et vu son efficacité, m’étonnerait que les coachs des Canard Post-Mortem l’aient libéré de son contrat. Mais même si cet homme blafard cherche à se faire discret, je le soupçonne d’être un agent du coach vampire Chica « triple Nuffle » Gork, venu s’imprégner des tactiques d’un de ses futurs adversaires.
Merci Meurice, à ce soir donc, pour cette rencontre secondaire et sans intérêt[/i]
