[S15] Cocaïne Bears, ou le quatrième chapitre du coach Saerzin

Si il y a une chose que le coach Saerzin appréciait avec son équipe, c’est bien qu’ils l’avaient vraiment accueilli comme l’un des leurs, même si sa peau n’était pas aussi verte que le reste des joueurs. (Sauf quand il était forcé d’ingurgiter les spécialités du clan, mais qui pouvait bouffer du poisson cru et du poulpe trempé dans une sauce dégueulasse?)

Malgré son manque total de formation sportive ou de résultats, jamais les Red Onis n’avaient remis en cause son statut de Coach, allant même jusqu’à zigouiller avec enthousiasme tout fan en colère ou bourré qui osait lancer quelque légume en sa direction. Y a pas à dire, ça faisait du bien de se sentir respecté !

C’est juste con qu’ils aient voulu l’inviter à se « Sept-plus-d’cul » avec eux. Le temps de se barrer en prétextant aller pisser une dernière fois, et c’est tous les Red Onis qui s’étaient suicidé d’une lame dans le bide, même Fuji le troll qui apparemment n’était pas vraiment d’accord mais avait été massacré par surprise par le reste de l’équipe alors qu’il mâchouillait les gobelins.

Errant dans une forêt en essayant de trouver quelques trucs à bouffer, Saerzin se demandait quand les prêteurs sur gage allaient le retrouver pour lui péter les rotules. Il avait été trop confiant (et trop bourré) en pariant sur son équipe…

Peut-être allait-il trouver quelque clan snot ou gobelin à arnaquer? Sinon, il pouvait toujours mentir encore dans son CV et dire qu’il était coach assistant pour Zébulon, ça devrait lui permettre de trouver un taff deux trois mois avant que la supercherie ne soit découverte, personne n’aimait fouiller dans les papiers skavens…

Saerzin en était là de ses réflexions quand il tomba sur un elfe des forêts. Qui tenait un arc. Pointé sur lui.

Quelques heures plus tard, suspendu à une branche par une corde, Saerzin était en train de contempler une tribu entière d’elfes des forêts en position fœtale ou en train de dégobiller dans les champignons. Ça changeait pas mal du début de soirée, ou orgies sauvages et défis dangereux se succédaient sans fin sous les cris complétement hystériques des elfes.

"Euh…je peux vous aider? ça va? " L’un des elfes se traîna jusqu’à lui.
« Ah putain, on a attaqué une caravane d’halfelins y a 3 jours, et ils transportaient une espèce de farine…Un truc de fou, ça nous a donné une énergie folle, mais les lendemains sont horribles… »

Les pensées se succédaient très vites dans la tête de Saerzin. Des elfes shootés à la coke. Des junkies aux oreilles pointues. Des sauvages des bois qui se foutaient de la poudre dans leurs nez fins. Déjà qu’ils couraient super vite avant, mais sous cocaïne même des skavens ne les rattraperaient plus sans malepierre. Une occasion en or de revenir en champion !

« Si vous voulez, je connais un milieu ou on peut s’en procurer super facilement ! Vous avez jamais pensé à créer une équipe de Blood Bowl? »

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Le coach Saerzin nettoyait avec tristesse la boue de son costume. Le videur Ogre ne l’avait pas raté, il l’avait lancé pile poil dans la mare de boue derrière – ou plutôt à travers – les tonneaux de la poissonnerie face au Club « Le Haut du Paquet ».

Saerzin avait beau avoir sorti sa carte de membre VIP montrant à tous sa grandeur de coach faisant partie des 10 meilleurs de la ligue, le videur l’avait calmement déchirée avant de lui faire manger. Tout ça parce que Saerzin avait perdu sa place dès la 3e journée ! Quelle ingratitude ! Lui qui avait payé tournées sur tournées aux autres membres pour se faire mousser…Même à cet écailleux de Croco qui crânait avec sa défense parfaite alors qu’il jouait des psychos de khorne…

Regagnant tristement son bureau (une planche sur 2 tréteaux au milieu de la forêt que squattait son équipe), il s’assis sur son fauteuil de président de club (une souche couverte de mousse) et se servit un verre de liqueur naine 52 ans d’âge (une vraie celle-ci, qu’il s’était payée avec son costume boueux en détournant la prime de victoire de la J2).

Complètement cuit dès le second verre, il se traîna jusqu’à son loft (une vieille tente rapiécée en forêt) et se perdit en réflexion (ou délire d’ivrogne, selon le point de vue).

L’histoire se répétait… Une victoire contre un rookie, et une dizaine de branlées… Peut-être que le nouveau lanceur qu’il venait de recruter allait changer la donne ?

Saerzin sorti l’affiche de la J5. Ses pauvres elfes affrontaient l’équipe Da Red Dots…Ok, leur bilan n’était pas brillant non plus, mais les orcs de MichelDerp pétaient des genoux à la pelle et affichaient le titre d’équipe la plus sanglante avec leurs 15 sorties… Même s’il mettait ses oreilles pointues à la muscu et aux stéroïdes, aucune chance de lutter contre les peaux vertes qui avaient plus l’air de jouer du poing que du ballon !

Frissonnant à l’idée de devoir encore engager des journaliers sous-payés pour combler les trous sur le terrain, Saerzin rejoignit son équipe au terrain d’entraînement. Ses joueurs glandaient au soleil au lieu de s’entrainer comme il faut, et il fallut beugler debout sur un tonneau pour qu’ils se trainent enfin jusqu’à lui.

« Bon, les gars ! Et les filles ! le début de saison est plutôt rude, on va pas se mentir. On s’est fait des supers pompes en peau de skinks, mais on est pas prêt d’entrer au panthéon ! Je sais que vous démarrez dans le sport, et c’est pour ça que j’ai prévu un plan en béton pour notre prochain match ! Approchez donc ! »

Lorsque tous les joueurs firent une ronde autour de lui, Saerzin sorti son canif et descendit du tonneau. « On va affronter de vrais durs, les petits, des putains de peaux vertes qui veulent votre cul ! ça va être rude ! Va falloir du beau jeu, de l’esquive, de la vitesse ! Et c’est pour ça que je vous ai préparé une stratégie en or… » Le coach fit sauter les joints du couvercle et dévoila le contenu du tonneau sous les cris de joie et les vivats des joueurs.

« DE LA COKE ! DE LA BONNE SCHNOUF ! ALLEZ, BOURREZ VOUS VOS JOLIS PIFS ET MARQUEZ MOI DES PUTAINS DE TOUCHDOWN ! »

Y a pas à dire, c’est pas simple de coacher une équipe de bloodbowl.

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excellent :joy:

Saerzin se resservit un verre de sa précieuse liqueur naine. Ses larmes avaient au moins le mérite de diluer un peu l’alcool, même si c’était un peu salé. Il était passé si près !

Après la défaite désastreuse contre les peaux vertes de Michelderp, il avait analysé pendant des jours le match, et avait compris: c’est ces putains de gobs qui lui avaient vendu de la coke coupée pleine de saloperies ! Tu m’étonnes qu’il ait pu s’en payer un tonneau entier ! Ses joueurs s’étaient tordus de douleur tout le match, et les peaux vertes n’avaient plus eu qu’à les achever…

Pour le match contre le nécromancien Deuzerre, il avait mis toutes les chances de son côté. Un contrat avec la grande star Eldrin (pour lequel il avait dût lécher des bottes comme jamais), et il était allé chercher sa coke chez les meilleurs cuistots halfelins. De la première qualité, à faire tutoyer les étoiles à ses joueurs. Et quel résultat ! Ses elfes brillaient, Eldrin enflammait la foule, et à la fin de la première mi-temps, il dominait les tas d’os de 2 touchdowns…

C’est à la mi-temps dans les vestiaires que les problèmes ont commencé. Eldril sorti son contrat et fit joué la clause écrite en touts petits caractères page 36 alinéa 12 indiquant que si l’équipe employeuse menait au score, et ce grâce à l’action de la star, (qui avait marqué le premier TD) tout produit dopant restant à la mi-temps était réservé à la star, en tant que prime exceptionnelle de résultat, empêchant ses elfes sylvains de reprendre leur dose. Le contrat, et l’armée d’ogres avocats qui étaient venus s’assurer du respect de cette petite clause.

Tremblants de manque, en pleine descente, ses joueurs chéris se firent massacrer par des morts-vivants qui n’étaient pas fatigués. En quelques minutes, son équipe se réduisit de moitié, et toutes ses tactiques de défense se cassèrent la gueule.

2 partout….2 partout, et il n’avait plus que 8 joueurs et plus de star pour le prochain match…

Quelle saloperie, ce sport.

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