Retour aux affaires

Le voyageur se leva. Il jeta un dernier regard vers sa tasse de café, mais non. Le marc de café ne lui indiquait pas la direction à suivre. Il avait vu une vieille femme le faire un jour. Et cela l’avait guidé en des terres inhospitalières. Celles du ZOK. Un groupe de champions. Mais il semblait toujours en décalage avec les moments de gloire. Ils avaient attendu son départ pour gagner.

Aujourd’hui, il était à un carrefour de son existence. Littéralement. L’auberge qu’il quittait se nommait la Crossway’s Inn. Un immense barbare le fixait d’un oeil. L’autre fixait ailleurs. Le barbare riait parfois tout seul. C’était déstabilisant.

Un an à cultiver de vieilles vignes qui ne donnaient même pas un bon vin. Et il était revenu pour un match de play-off. Son tout premier. Un baptême. Aux commandes d’une équipe qui avait marché sur l’eau en auto-gestion. Une équipe qui avait posé des soucis à la Ligue. Par ses moeurs, par son affiliation inédite. Mais le Président avait veillé au grain. Et les traumatismes étaient revenus. Les morts, les blessures graves, pires que la guerre.

La ligue changeait. Des coaches s’en allaient. Vers Bordeleau, vers la province de Condate, vers le Valhalla, vers la retraite. Des places à prendre. Mais des anciens au regard terrible, aux traditions éculées, aux pots-de-vins faramineux restaient. Veillaient.

Un homme était venu le voir. Un soi-disant champion. W.C. Avec de telles initiales, il aurait dû se méfier. Un petit tournoi amical près d’une plage. Au final, rien d’amical, et la consécration avec un prix de l’éponge. Son coaching avait encore parlé. En bien ?

Depuis, le coach gardait le silence. La saison commençait sous peu, et l’état de ses vignes l’obligeait à reprendre du service. Aucune nouvelle équipe ne voulait de lui. Il devait refaire ses preuves. Recontacter ceux qu’il avait déjà mené à l’abattoir. Au Nord se trouvaient les rats qui avaient lancé sa carrière. Mais après une saison sous les ordres de celui qui avait révélé Fendalsh, voudraient-ils de lui ? A l’ouest, l’île des elfes n’était plus le paradis d’antan. Des navettes régulières faisaient la traversée pour que les touristes goûtent au Stout. Reprendre une activité sportive était-il compatible avec une activité touristique ? A l’est, … non il n’y avait plus rien à l’est.

Restait le Sud. Un petit festival de vigneron s’annonçait. De quoi renouer avec les plaisirs de la vie. Une compétition amicale s’y annonçait. De quoi peut-être y découvrir de nouveaux joueurs, de nouveaux plans de jeu ? Cela semblait une bonne idée. Il prit la direction du Sud.


Se levant brusquement, le gros barbare à la petite tête et au regard fuyant dans des directions opposées se leva. « Direction le Nord ! On rentre à la maison ! » cria-t-il, renversant sa table, et se cognant dans l’ouverture de la porte. Dehors, il prit la direction du Sud.

Excellent ! Vivement la suite. :slight_smile:

Le voyage vers le sud était éprouvant. Toutes les … quelques ? … lieues, un aimable gobelin proposait des rafraîchissements à l’ombre de son aubette. Et c’était vrai que la boisson était fraîche. Mais plus ça allait, moins ça allait. Et tous ces gobelins se ressemblaient. Et leur fâcheuse manie de toujours promouvoir ce tournoi du Sud. Et de souhaiter le « rebonjour » à chaque arrêt. Drôle de tradition. En attendant, malgré plusieurs heures de marche (interrompues par quelques pauses fraîcheur), son Génie de Position Sûre perdait les pédales. Lui intimant de faire demi-tour, ne décomptant les lieues avalées, et surtout, restant figé à la même position. Il allait vite rejoindre un fossé, celui-là !


A l’Auberge des Pots Cassés, une carriole bariolée venait de s’arrêter dans la cours. Une douzaine de sveltes personnages en descendit, sautant, virevoltant jusqu’à la salle principale. Personne n’y fit attention. « Tavernier ! Nous réclââââmonzzzz àààààà boaaaaaaarrrr ! » Déclamée en canon par douze voix mélodieuses, la demande ne fut pas honorée, ni même répandue. L’auberge n’accueillait plus de clients depuis belle lurette, et ses derniers propriétaires avaient plié bagage depuis plusieurs saisons. La troupe attendit. Patiemment. Mais en chantant !


Le gobelin ramassa son échoppe prestement. Son stock était presque vide, grâce à un étrange client qui revenait sans cesse le voir, trouvant qu’il ressemblait beaucoup au précédent. Bref. La caisse était pleine, les barriques presque vides. Le patron allait être content. Son squig de voyage harnaché, le gobelin prit la direction du sud. Des nuages de poussière s’élevaient au nord. Des tornades ? A cette époque ? Etrange …

Il passa près de son unique client de la journée, vautré dans un fossé. Le Génie de Position Sûre était bien en évidence, dans sa main. Le gobelin descendit délicatement, s’en saisit, et finit de vider la bourse du malheureux au passage. Puis le sol se mit à trembler. Le nuage de poussière se rapprocha. Et le monstre apparut. Une montagne de muscles. Et un cri : « TOUCHDOWN ! ». Le barbare gigantesque venait de coller un coup de pied monumental à son squig de voyage ! Et celui-ci avait juste éclaté devant ses yeux ! Le barbare le regarda, souriant. « Touchdown ! » Il saisit le gobelin d’une seule poigne, désigna un point loin devant lui, et demanda : « Touchdown ? ». « Euh … ». Le gobelin s’envola. Le Génie de Position Sûre s’activa. « Atterrissage programmé dans 3 … 2 … 1 … ». « TOUCHDOWN ! » hurla le barbare, qui continua en trottinant son chemin.


La nuit porte conseil, qu’on dit. La nuit donne surtout mal au crâne. Le coach se releva crasseux du fossé dans lequel on l’avait jeté. Son mal de crâne devait être dû à un coup de matraque de vils malandrins. Qui l’avaient en plus dévalisé de son or et de son Génie de Position Sûre. Il aurait bien porté plainte si la zone n’était pas une zone de non-droit. Une flaque de viscères et un équipement de voyage brisé traînaient pas loin de là. Comme un présage, il se décida à suivre le chemin tracé par les viscères.

Après quelques heures de marche la bouche pâteuse, les tempes vrillantes, et le bide en vrac, il arriva près d’une vieille auberge d’où sortait une douce mélodie. Il ouvrit la porte et fut cueilli par un vacarme du diable. Des chanteurs lyriques qui accentuèrent son mal de crâne, et le forcirent à sortir pour vomir. Le chant s’interrompit. « Mais, c’est le coach Gulix ! »

Remit de ses contractions, ce dernier releva la tête, pour voir une douzaine de créatures masquées l’entourer.

« C’est nous ! Les chanteurs de l’île ! On s’est fait jeter de l’île parce que nos chants insupportaient les touristes. Et comme maintenant c’est le tourisme qui fait vivre l’île, bah, on a formé une troupe itinérante pour jouer. Mais bizarrement, on accepte pas de nous laisser faire nos représentations, alors on continue. Mais c’est un signe du destin si vous êtes là ! Vous allez nous coacher ! Comme vous aviez coacher les filles ! Parce qu’un coach de Blood Bowl c’est pareil qu’un coach musical ! Et je suis sûr qu’un radio crochet c’est comme un crochet du gauche ou du droit. Et puis vous avez gagné la Mini-Choko alors … »

« RAAAAAOOOOOOOOUUUUUULLLLLL. Vous avez de l’eau ? »

:thisup: :thisup: :thisup:

:lol!:

J’ai crû lire une histoire du disque-monde de Pratchett!
Gulix, t’es génial!

Ce qui se passe au Cognac Bowl reste au Cognac Bowl. Tel était l’adage. Et mieux valait en effet taire ce qu’il s’y était passé.

La troupe d’elfes chantant et tourbillonant était malgré tout restée avec le coach Gulix pour sa remontée vers le Nord. Le championnat reprendrait sous peu, et l’équipe n’était clairement pas prête. Manque de compétences, manque de joueurs, manque d’équipements, il n’y avait guère que la motivation dont ils ne manquaient pas. Il avait réussi à les détourner de leur objectif de radio-crochet : « Plus de sous dans le Blood Bowl, plus de fans, plus de récompenses ! Imaginez : revenir sur l’île de votre enfance auréolés d’un titre ! Avec ça, ils ne vous expulseront pas ! ».

Même si leurs masques le troublaient (ils ne mangeait que du liquide, via un astucieux système de pailles, et ne l’enlevaient jamais). Même si leurs chants lui donnaient mal à la tête. Même si leurs compétences n’étaient pas à la hauteur de leurs prédécesseurs, vainqueurs de la Mini-Choko. Même s’il redoutait de revenir à cette ligue qui l’avait tant fait souffrir, moralement et physiquement. Il avait des dettes. Et l’âne qui se terre paye toujours ses dettes. Ou un truc du genre.

D’ailleurs, le Cognac Bowl avait été l’occasion d’en contracter de nouvelles. Un émissaire de la Condate avait « pris des parts » dans son équipe, et lui enverrait « quelques conseils » de temps en temps. Tyra le Félon, qu’on l’appelait.

Son équipe, si on pouvait l’appeler ainsi, était prête. Restait à attendre le tirage. Et à découvrir ses futurs bourreaux.


Gagnant, perdant ? Thrudd ne savait pas trop. Le Cognac Bowl était passé, ses souvenirs avec. Avait-il participé ? Oui, il se souvenait avoir mis des gnons. A qui ? Aucune idée. Et il se réveillait là, dans une grotte étrange, pleine de barriques vides.

« Thrudd-thrudd ! Content de te voir-voir ! Nous avons proposition pour toi-toi ! »

Le premier homme-rat fut attrapé et broyé. Le second recula. Thrudd se leva et planta son casque à cornes dans le plafond trop bas.

« Suis-nous nous ! Coupe BN t’attend. Tu pourras cogner les Encoulés-lés ! »

Le barbare remit son casque et pleura. Toutes les barriques étaient vides. Il se décida à suivre l’homme-rat, espérant qu’il aurait à boire.

Peut de temps après, il tomba raide mort. Il avait oublié de respirer.

Le tirage avait eu lieu. Dans une tranquilité notable. Les commissaires s’étaient réunis, et le calendrier avait été fixé. Dans certains contrées, on utilisait le mot « fix » pour désigner un arrangement. Mais de telles choses n’arrivaient pas en ligue BN.

Le coach Gulix et la troupe des Oilean Na Clairsi étaient prêts à en découdre. Le coach des Destriers, l’adversaire annoncé, était présent aussi. Son équipe aussi. Mais bizarrement, prétextant un repas d’avant-match non-consommé, une chaleur trop forte, le coach déclina l’invitation à en découdre tout de suite. Un reptile à sang froid qui refuse la chaleur ? Etrange. Sans doute craignait-il l’humiliation en public. Le coach Croco se retira donc, lançant au passage une invitation à le rejoindre bientôt dans le Grand Ouest, là où les chevaux paissent en liberté …


« Mon cheval est un vieil homme … ENCHAINÉ ! »

Carmina, leader de la troupe, faisait vibrer les verres de l’équipage de la Mouette Enchaloupée. Un drôle de nom pour une barque miteuse. Mais c’était la moins chère pour rallier le château du Duc de Michto. Des sombres rumeurs circulaient à son propos. Du moins, à propos de sa Jument, au moeurs plus que limites. A moins que ce ne soit son mors qui l’avait irritée. L’écriture était baveuse et la pluie constante sur la province de Bretonnie rendait difficile la conservation des écrits.

« Qui regrette de n’avoir pas … SURVEILLÉ ! »

Plutôt que de les entendre poser des questions inutiles sur l’entraînement (Pourquoi on fait pas des gammes ? Pourquoi on joue sans ballon ? Où sont les juges pour la note artistique ?), le coach les avait laissé chanter ce qu’ils voulaient. A son grand malheur. Le voyage en Bretonnie devait d’ailleurs lui permettre de retrouver un certain Mr.Lin, apothicaire de son état, qui pouvait rendre sourd pour une durée déterminée grâce à une pâte magique. Et puis, on avait toujours besoin d’apothicaires quand on jouait sous les ordres du coach. L’éponge en bois ramenée avec le M.A.S.K. de la plage en était un exemple flagrant.

« Les cieux, juste AVANT … juste AVANT qu’ils ne soient GRIS ! »

Un homme (?) étrange se tenait au croisement du cours d’eau et du ruisseau boueux sur lesquels ils naviguaient. Il dansait en criant la bienvenue. Et sion accoutrement semblait indiquer qu’on était sur le bon chemin.

« Mon cheval est mon REMORD ! Survolant la grande MER ! »

« Stop ! On se tait, on termine à pied ! Y a assez de pluie comme ça ! Considérez cette marche forcée comme un ultime entraînement avant de grimper sur les Destriers et bourrer leurs flancs de coups d’éperons ! »

« DESTRIERS ! On était tous les deux DESTRIERS ! »

« SILENCE ! »

« Hiiiiiiiii ! » L’homme à tête de cheval partit bizarrement au galop, et la troupe suivit. Une saison à emmerdes commençait …


Dans la grotte, Thrudd oublia qu’il avait oublié de respirer. Des hommes-rats et quelques gobelins le regardaient : « Casse-croute ? ». Thrudd les suivit.

Si tu veux en r’partant dans ta clairière tu pourras prendre du crottin pour ton potager. Fait gaffe y’aura ptet des bouts d’elfes dedans.

Au fait bravo pour tes références Francis Lalane :slight_smile:

Y a match dans l’avant match les gars ! Mais je mettrais un petit point de plus à Gulix… faut dire que lâchement se dégonfler une semaine plus tôt, ça aide pas. :stuck_out_tongue:

J’ai ri. Bien trop fort selon Mme, d’ailleurs.

La Phrase du Match
Du coach Croco à un spectacteur, un certain Monsieur Z.

Le fait du Match
Personne ne voulait lancer le match. Des palabres interminables pour savoir qui commence, et au final, les Oilean Na Clairsi qui prennent la balle pour la laisser aux Destriers. Mauvais calcul au vu du résultat.

Le gâchis du Match
L’ouverture par le coach des Destriers de la boisson de son sponsor. L’esprit d’un certain Arbre traînerait à ce qu’il paraît autour du stade.

L’après-Match
Avec 10.000 de gains, les Oilean Na Clairsi peuvent clairement se sentir floués. Un de leurs plus gros déplacements, une victoire offerte à une nouvelle franchise, d’une province tout récemment rattachée, et ils ne rentreront pas dans leurs frais. D’ailleurs, le coach Gulix a laissé parlé son expert-comptable à la conférence d’après-match :

:coucou:

Le 1500-Shnaps

Il s’agit d’une course ou il ne faut pas seulement être un grand sportif, il faut aussi savoir tenir" au comptoir. Il y a une piste plus ou moins ronde balisée par ce qu’on trouve sur place, et quelques haies plus ou moins hautes.

Tous les concurrents sont sur la ligne de départ où se trouve un stand de boisson, on verra par la suite que c’est important.

A chaque tour le concurrent qui passe la ligne doit s’y arrêter et boire un verre de Shnaps.

Le gagnant est celui ou celle qui arrive le premier, évidement le but est avant tout de rester debout, le Shnaps étant de l’alcool (très) fort.

Devinez pourquoi j’ai placé ça!