Ces joueurs-là [Ces gens-là - BREL]
D’abord il y a le troll
Lui qui est comme un bâton
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qui croit
Que réfléchir ça pue
Qui mandale de ses dix doigts
Mais lui qui n’en peut plus
De d’voir choisir celui
Qui va prendre son tibia
Et n’pas finir la nuit
A force de s’prendre des pains
Qui verra pas l’matin
Qui va finir sa vie
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et l’troll qui balbutie
Et qui a l’œil qui divague
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces joueurs-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on crie
Et puis, il y a l’ogre
Des cailloux dans les cheveux
Qu’a jamais vu un peigne
Qu’est méchant comme une teigne
Qui arracherait la chemise
A des pauvres joueurs heureux
Qui a frappé une marquise
Une dame de la ville
Enfin d’une ancienne ville
Et que c’est pas fini
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit cerveau
Avec son petit couteau
Avec sa petite bléno
Qu’aimerait bien avoir l’air
Mais qui a juste l’air idiot
Le fair-play est en friches
La morale à zéro
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces joueurs-là
On ne joue pas Monsieur
On ne joue pas on triche
Et puis, il y a les autres
Le mino qui dit rien
Ou braille n’importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d’apôtre
Et sur son siège en bois
Il y a la grosse barbe du coach
Qui doit être le moins moche
Et qui regarde son troupeau
Lamper la bière froide
Et ça fait des grands gloups
Et ça fait des grands gloups
Et puis il y a le skaven
Qu’en finit pas de couiner
Et qu’on attend qu’il crève
Pour s’calmer les oreilles
Surtout celles de l’elfe noir
Au bord d’se mettre une balle
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces joueurs-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on braille
Et puis et puis
Et puis y a le gob’lin
Qui vole vers le soleil
Et qui déploie ses ailes
Et qui fait le malin
Même qu’on se dit souvent
Qu’il plane mieux qu’un pigeon
Qu’il évite les fenêtres
S’écrase pas sur les murs
Et qu’un gob’lin volant
C’est un sacré p’tit être
Même si c’est pas très sûr
C’est quand même peut-être
Parce que les autres volent pas
Parce que les autres volent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu’il est trop p’tit pour ça
Qu’il est tout juste bon
A égorger en douce
Ceux qui passent sous son pouce
Il a fait ça longtemps
Il a pas oublié
Même s’il sentait pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on le voit
Volant sans faire exprès
Avec ses yeux luisants
Il crie qu’il passera
Il crie qu’il marquera
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je le crois Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces joueurs-là
Monsieur on ne s’envole pas
On ne s’envole pas Monsieur
On ne s’envole pas
Mais il est tard Monsieur
Le match n’attend que moi